Un marché se tient désormais à Ungersheim, commune de 2 200 habitants du Haut-Rhin, située à une vingtaine de kilomètres de Mulhouse. Aucun contemporain, même d’un certain âge, n’a le souvenir ici qu’il y ait eu par le passé quelques étals dans le village un jour de semaine. Mais dorénavant, tous les vendredis matin, les Jardins du Trèfle rouge, entreprise maraîchère en activité sur la commune depuis 2012, la toute jeune conserverie locale ainsi qu’un marchand d’œufs du cru exposent et vendent leur production sur la place de la mairie.
Assurer la souveraineté alimentaire de la commune, en créant une filière locale « de la graine à l’assiette », autrement dit en proposant aux villageois des aliments produits localement : c’est l’objectif poursuivi depuis quatre ans par la municipalité d’Ungersheim. « Aujourd’hui, la nourriture que nous consommons, venant de centaines, voire de milliers de kilomètres, est essentiellement livrée par camion. Or en cas de choc, pétrolier notamment, nous pourrions nous trouver rapidement en situation de pénurie. Alors même que nous sommes entourés d’une centaine d’hectares de terres agricoles, mais vouées à des monocultures de maïs ou de céréales, destinées à l’exportation », explique son maire, Jean-Claude Mensch.
Légumes bio et de saison
Déterminé à mettre un terme à ce « grand paradoxe », le conseil municipal décide, en 2012, d’utiliser une partie des 40 hectares agricoles sur lesquels il a la maîtrise foncière, pour contribuer à nourrir la population. Il commence par racheter le droit d’exploitation agricole sur un terrain de 8 hectares, loué jusque-là à un céréalier, et y installe une exploitation maraîchère bio, les Jardins du Trèfle rouge, gérée par une entreprise d’insertion. Employant 25 personnes, celle-ci produit aujourd’hui une trentaine de tonnes de légumes de saison par an (soit une centaine de variétés sur toute l’année). Elle propose non seulement sa production chaque vendredi au marché, mais confectionne deux fois par semaine quelque 150 paniers de légumes, vendus aux ménages du village et des alentours, et fournit chaque jour en nourriture la cantine de l’école du village.
Car si la municipalité a décidé dès 2009 de servir aux élèves des repas et goûters 100 % bio en faisant alors appel à un prestataire extérieur – et en prenant en charge le surcoût –, elle entend désormais que ces repas soient réalisés sur place avec des produits locaux. Pour cela, elle a construit une cuisine collective bio, certifiée Ecocert. Opérationnelle depuis le printemps 2014, cette installation prépare aujourd’hui quelque 500 repas par jour et assure l’approvisionnement de la restauration scolaire du village, mais également, dans un rayon de quinze minutes de transport en liaison froide et chaude, d’autres écoles. « Ce afin d’assurer l’équilibre économique, souligne M. Mensch. Mais, ajoute-t-il aussitôt, cette cuisine reste une petite unité de production à taille humaine. »
Bien décidée à élargir la distribution de produits alimentaires en circuits courts, la municipalité a créé en avril 2015 une régie agricole et est en train de monter une coopérative d’intérêt collectif qui a vocation à faire tourner une conserverie, une malterie microbrasserie et une épicerie spécialisée dans la vente en vrac, où le client apporte ses contenants et peut acheter le juste poids de produit dont il a besoin.
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Pour la première fois dans l’histoire de l’Homme, notre futur commun en tant qu’espèce n’est plus certain. En seulement 200 ans, à l’âge des combustibles fossiles, l’humanité a fait assez de dégâts sur la Terre pour assurer sa propre extinction. Notre unique option est de soigner la planète et par cela, créer de l’espoir pour notre futur- au nom de l’humanité et de la communauté terrestre.
1. C’est dans un sol vivant que se trouve la prospérité et la sécurité de notre civilisationNotre avenir est indissociable de l’avenir de la Terre.
Nous nous engageons à protéger nos sols et notre biodiversité. Nos sols vivants deviendront des réservoirs d’eau et des puits de carbone. L’agroécologie est basée sur la réutilisation de la matière organique, et donc le recyclage des nutriments. Nous allons redonner le carbone vivant, comme matière organique à la terre, sur la base de la reconnaissance, de la responsabilité, et de la nécessité de rendre. Nous allons ainsi aider à nous adapter et à renforcer notre résilience au changement climatique. Comme Sir Albert Howard a dit, “Prendre sans donner est un vol de la terre, une forme particulière de banditisme, qui prend en compte le pillage de générations futures qui ne sont pas encore là pour se défendre. ”2. Nos graines et notre biodiversité, nos sols et notre eau, notre air, l’atmosphère et le climat sont notre patrimoine commun
Les dons de la terre indispensables à la vie sont toujours un patrimoine commun que nous devons tous protéger et duquel nous avons tous le droit de tirer notre subsistance. Nos graines et notre biodiversité sont des biens communs. Leur brevetage pousse à l’extinction de la diversité et les paysans dans un piège de la dette. Le sol est le fondement de notre vie et de notre nourriture. L’eau est notre patrimoine commun. Elle ne doit pas être une marchandise. Elle est nécessaire à notre vie. L’air et l’atmosphère sont encore des biens communs et nous permettent de respirer tout en donnant à la Terre la capacité de réguler le climat. La pollution de l’air et les effets et émissions de gaz à effet de serre sont une privatisation de tout ce patrimoine commun.
Nous n’acceptons pas la privatisation de nos biens communs. Nous les défendons et les revendiquons avec responsabilité et solidarité.
3. La non-appropriation des semences et de la biodiversité sont les garants de la souveraineté alimentaire et de la résilience climatique
Nous nous engageons à défendre la non-appropriation de nos semences au nom de la liberté des espèces à évoluer de manière intègre et autonome. Nous revendiquons le droit des communautés partout dans le monde à récolter et semer leurs propres semences, semences que nous revendiquons comme faisant partie de notre patrimoine commun. Le fait de conserver et d’échanger des semences non hybrides, non brevetées et n’ayant subi aucune modification génétique est un droit inaliénable des paysans. Les droits des paysans ne sont pas négociables. Nous nous dressons contre toute loi comme toute avancée technologique qui viendrait remettre en cause cette liberté intimement liée à celle de la Terre Mère. Nous résistons afin que les générations futures disposent des mêmes chances en termes de nourriture et de moyens de subsistance que celles offertes à nous aujourd’hui. Ensemble, nous nous unissons pour défendre nos semences et refuser les OGM et le brevetage du vivant.
4. Le modèle d’agriculture industrielle mondialisée est un contributeur majeur du changement climatique
L’agriculture mondialisée et industrielle contribue à plus de 40% à la production des gaz à effet de serre qui viennent chambouler le climat de par la déforestation, l’utilisation d’engrais à base d’énergies fossiles, la production d’emballages et les transformations, réfrigérations et transports opérés à longue distance. Sachant qu’elle est l’une des causes majeures du changement climatique, nous ne pouvons accepter l’agriculture industrielle comme une solution à la crise climatique et à la faim. Nous rejetons les fausses solutions au changement climatique telles que l’ingénierie géologique, l’agriculture « climato- intelligente», l’amélioration génétique des semences ou « l’intensification durable ».
5. L’agroécologie, l’agriculture familiale et les systèmes alimentaires locaux peuvent nourrir le monde et permettre de ralentir le réchauffement de la planète
Nous nous engageons à pratiquer et à protéger une agriculture de petite échelle et locale, observant les principes et méthodes de l’agroécologie. Ce type d’agriculture permet actuellement de produire 70% de notre nourriture et assure la production d’aliments nourrissants et sains. Elle permet en même temps de conserver et régénérer nos sols, notre biodiversité, nos ressources en eau ainsi que de réguler notre climat. Nous nous engageons à soutenir et créer des systèmes de production alimentaire en réponse aux crises sanitaires, alimentaires et environnementales qui touchent l’agriculture. L’agriculture biologique pratiquée à petite échelle et de manière locale autorise la mise en place de circuits courts et est capable de nourrir le monde tout en ralentissement le réchauffement de la planète.
6. Le «libre-échange» en tant que libre action des multinationales est une menace pour la planète et pour nos libertés
Le mot « Liberté » a été détourné par le «libre-échange» qui a substitué à la liberté des peuples et des diverses espèces d’évoluer librement et de se nourrir celle des multinationales à détruire la planète et les économies vivrières des communautés. La déstabilisation écologique et sociale du monde observée sur les deux dernières décennies est le résultat de la déréglementation du commerce ordonnée par les accords de «libre-échange» du World Trade Organisation (OMC), eux-mêmes conçus et écrits par des sociétés et pour le bénéfice de ces sociétés.
Nous nous engageons à résister aux tentatives visant à créer de nouveaux accords de libre-échange tels que TTIP, PPT et les accords commerciaux régionaux et bilatéraux. Ces accords sont en effet fondés sur les droits des entreprises en tant que personne morale et sont conçus dans le but explicite de démanteler les droits de l’homme, notre démocratie et nos constitutions. Nous ne reconnaissons pas en tant que personnes ces multinationales. Elles ne sont que des entités juridiques à qui la société donne la permission d’exister et ce dans les limites de leur responsabilité sociale, écologique et éthique. Ces sociétés sont donc à compter parmi les responsables des changements climatiques et doivent être soumis au principe de « pollueur-payeur ».
7. Les systèmes d’économies locales protègent la planète, créent des emplois, et nous permettent de subvenir à nos besoins et à notre bien être
Les économies locales basées sur la réciprocité et la régénération du monde naturel et de la société nourrissent la vie. Les cadeaux de la nature et ses populations ne peuvent pas être réduits à des « coûts économiques ». Ces économies qui mettent l’accent sur la vie et le bien-être des personnes et non pas sur le profit des entreprises, permettent de régénérer et de renouveler les ressources et de créer de l’emploi pour tous et pour les générations futures. Nous ne participerons pas au système de production et de consommation, notamment pour la nourriture et l’agriculture industrielle, qui détruisent les processus écologiques de la Terre, de ses sols et de la biodiversité. Ce modèle déplace et déracine des millions de personnes de leur terre. Dans les économies vivantes, il n’y a pas de déchets, et il n’y a pas de « travailleurs jetables ».
8. Les Démocraties vivantes et participatives sont le fondement de la Démocratie de la Terre
Nous nous engageons à créer des systèmes de démocraties vivants et participatifs et à résister à toutes les tentatives de détournement de nos démocraties par des intérêts puissants. Nous les développerons en nous appuyant sur les principes du partage, de l’inclusion, de la diversité, et de la protection de la planète et d’autrui. Nous nous engageons à sortir du cercle vicieux de la violence et de la dégénérescence, en développant des systèmes vertueux basés sur la non-violence pour le bien-être de tous les peuples et toutes les espèces. Nous ne serons pas divisés par la peur ou la haine, mais resterons unis en tant que membres d’une seule Planète et d’une seule Humanité. Avec courage, et en s’inspirant des préceptes de Gandhi, nous ne coopérerons pas avec une humanité où les règles et lois interfèrent avec les lois écologiques fondamentales de la nature.
9. Nous sommes membres de la Communauté de la Terre dans laquelle toutes les espèces, les peuples, les cultures ont une valeur intrinsèque et les droits à la subsistance
Créons une démocratie de la Terre sur cette terre vibrante et généreuse – Terra Vivante – qui reconnait la valeur intrinsèque de toutes les espèces et tous les peuples. La pluralité des personnes et des espèces ne doit pas seulement être tolérée mais être vue comme la condition au développement de notre existence. Toute la vie, y compris tous les êtres humains, ont naturellement droit de partager les richesses de la nature afin d’assurer sa subsistance – le sol, la nourriture, l’eau, l’espace écologique et la liberté d’évolution.
Nous faisons le pacte de vivre consciemment en tant que Citoyens de la Terre, reconnaissant que la Communauté inclut toutes les espèces et tous les peuples dans leur diversité riche et animée. Les droits de la Terre Mère et les droits humains ne sont pas séparés les uns des autres et sont un continuum indivisible. La violence infligée à la terre et l’injustice infligée à l’humanité font partie du même processus. La durabilité ne peut être séparée de la justice, des droits humains et de la paix.
10. Des Jardins de l’Espoir partout dans le monde
Pratiquons l’agriculture biologique dans nos fermes, nos jardins, nos balcons, nos terrasses. Plantons des jardins de l’espoir partout comme symbole de notre pacte avec la Terre pour sa protection. C’est grâce à ces petits actes, qui ont des répercussions importantes, menés par des millions de personnes conscientes de leur pouvoir et agissant de manière unifiée et harmonieuse, que nous sèmerons les graines du changement pour la création d’une nouvelle citoyenneté planétaire, une citoyenneté qui prend soin de la Planète et d’autrui en construisant des économies et des démocraties vivantes.
Nous commençons aujourd’hui, le 9 Novembre 2015, par une plantation d’un jardin de l’espoir au Jardin Marcotte à Paris (11ème) aux côtés du réseau des AMAP Ile de France et de Cultures en Herbes, comme une première étape concrète vers cette nouvelle citoyenneté planétaire.
Nous continuerons à planter des jardins de l’espoir partout, et de semer les graines du changement qui nous mènerons vers une nouvelle Démocratie de la Terre basée sur la justice, la dignité, la durabilité et la paix.
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Dans le cadre de la campagne Tous dans le même panier !, le Réseau AMAP Ile-de-France est allé à la rencontre des amapien-ne-s d’Île-de-France, paysan-ne-s et mangeur-se-s, qui mettent en œuvre chaque jour une autre agriculture: socialement équitable, écologiquement soutenable et économiquement viable.
C’est parce-que qu’ils prennent ensemble leurs responsabilités pour coproduire une alimentation de qualité accessible à tous, créatrice d’emplois durables et de lien social, que cette agriculture est dite citoyenne.
Plus d’infos: amap-idf.org/mobilisation_125.php
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Twitter: twitter.com/AMAP_IDF
Décroissance. Vocabulaire pour une nouvelle ère
de Giacomo D’Alisa, Federico Demaria et Giorgos KallisLe mot de « décroissance » émerge aujourd’hui comme un nouveau signifiant des discours économique et politique. Témoin, les prises de position de plus en plus nombreuses visant à le discréditer. Pour échapper à l’ignorance ou à la mauvaise foi qui tantôt l’assimilent à la stagnation actuelle des économies occidentales, tantôt le dénoncent comme un projet de « retour à la bougie » de quelques « écolo-réactionnaires », il était donc plus que temps de proposer au public un état des lieux détaillé de ce qu’il recouvre réellement.
Depuis sa première apparition, dans les années 1970, la notion s’est considérablement enrichie, au point de devenir un enjeu de réflexion pour tous ceux qui en appellent à une transformation sociale radicale. Cet ouvrage, composé d’une soixantaine d’articles de fond, en constitue la première synthèse thématique se proposant d’en définir les contours et d’en cerner les multiples sources intellectuelles. Il s’agit ici de souligner les grands axes des problématiques embrassées par la décroissance, de présenter les formes d’action qui s’y rattachent ou s’en revendiquent et, en laissant ouvert le débat interne sur un certain nombre de questions clés, d’exposer et de nourrir une discussion collective et internationale déjà bien engagée.
La diversité des entrées de ce dictionnaire encyclopédique montre que ce concept touche, certes, aux enjeux écologiques et environnementaux, mais qu’il est loin de s’y limiter. On y découvrira que la décroissance se donne pour tâche d’étudier en profondeur le poids des logiques économiques et industrielles sur les conditions d’existence sur la planète, et de réfléchir à d’autres formes d’organisation de la production et des échanges ; qu’elle instruit une critique en règle de nos choix de société et de leur rapport à ce qu’elle nomme la « vie bonne », tout en jetant les bases de contre-modèles possibles ; enfin, qu’elle s’intéresse à toutes les expériences collectives actuelles qui témoignent, un peu partout dans le monde, de l’existence de résistances créatrices et vivaces au dogme de la croissance.
Avec entre autres des contributions de Mauro Bonaiuti, Arturo Escobar, Marco Deriu, Tim Jackson…
L’ouvrage est déjà paru en Grande-Bretagne chez Routledge et en Espagne chez Icaria. Il paraîtra dans les mois prochains en Italie, au Brésil, en Allemagne, en Croatie…
Une source d’inspiration indispensable, pour élargir le débat à la veille de la COP21 qui aura lieu en décembre à Paris.Quelques exemples de chapitres
Anti-utilitarisme – bioéconomie – critique du développement – justice environnementale – écologie politique – autonomie – marchandisation – biens communs – convivialité – numérique – dématérialisation – entropie – bonheur – PIB – dépolitisation – effet rebond – pic pétrolier – simplicité – néoruraux – revenu de base et revenu maximum – monnaies communautaires – coopératives – audit de la dette – désobéissance – éco-communautés – Indignés – partage du travail – argent public – syndicats – care – jardinage urbain – buen vivir…Ce qu’ils en pensent…
« Les investissements et la consommation augmentent mais le nombre de chômeurs se maintient ; les inégalités économiques et sociales augmentent, et chaque jour, de nouvelles espèces sont menacées d’extinction… Pourquoi la croissance, qui devrait être synonyme de progrès et de bien-être, a-t-elle des conséquences aussi indésirables ? La réponse se trouve dans ce livre. » Para todos la 2, rtve, 12 décembre 2014
« À un moment de l’histoire où les leaders politiques, économiques et intellectuels pensent que rien de fondamental ne peut désormais être mis en question, rien n’est plus important que le mouvement d’idées et d’actions que représente ce livre sur la décroissance. » David Graeber, London School of Economics
« Quel splendide vocabulaire ! Une sélection d’auteurs internationaux explore avec brio le champ émergent d’une économie qui fait ses adieux à l’obsession de la croissance. » Wolfgang Sachs, Directeur de l’Institut Wuppertal pour le climat, l’environnement et l’énergie à Berlin
« Cet ouvrage est indispensable à quiconque souhaite dépasser les simples mesures de réaménagement pour résoudre les problèmes écologiques et économiques les plus importants de notre temps. » Deepak Malghan, Professeur d’économie écologique à l’Institut indien du management à BangaloreCe livre est publié en partenariat avec l’Institut Momentum, laboratoire d’idées sur les issues de la société industrielle et les transitions nécessaires pour amortir le choc social de la fin du pétrole.
Durant la seconde moitié du XIX° siècle, les maraîchers parisiens ont pu nourrir la population de la capitale avec une production légumière – forcément biologique – d’une qualité et d’une diversité exceptionnelles. 6 % de la surface de la capitale intra-muros, soit 600 hectares environ, était consacré au maraîchage, avec des parcelles de 4000 m2 en moyenne et un travailleur pour 1000 m2. Les maraîchers parisiens étaient arrivés au sommet de leur art, produisant toute l’année grâce aux couches chaudes et atteignant 8 récoltes par an ! Les couches chaudes permettaient de produire des salades en janvier et des melons et concombres dès le mois de mai. Ils exportaient même à Londres. En 1905 un groupe de maraîchers britanniques effectua un voyage d’étude dans la capitale et commença à populariser dans le monde anglo-saxon le « French market garden system ».
Un clip de 5min30 montrant que des solutions fondées sur la nature existent, en ville en particulier, pour nous adapter aux effets du changement climatique (inondations, tempêtes, érosion des sols, glissements de terrain…).
Auteur(s) : réalisé par Natureparif en association avec l’IFORE et l’AESN dans le cadre de la COP21
Description
Le changement climatique n’est qu’une facette des changements globaux puisque nous connaissons dans le même temps une érosion spectaculaire de la biodiversité, les deux phénomènes étant liés. Impactée par le changement climatique, la biodiversité change en retour et peut l’accélérer. Elle est aussi un réservoir de solutions puisque les écosystèmes en bon état de conservation contribuent à l’atténuation (captage et stockage du dioxyde de carbone atmosphérique) et à l’adaptation aux effets du changement climatique (risques naturels comme les inondations, les tempêtes, les glissements de terrain ou l’érosion des sols). Les possibilités en matière de solutions faisant appel à la biodiversité sont innombrables et variées !
Source : Biodiville
Manifeste pour la transition
Face à l’urgence climatique et sociale, les chefs d’Etat et de gouvernement osent ne rien entreprendre de déterminant. Nous avons le droit de nous défendre. Le droit de désobéir. Osons donc l’impossible pour « déverrouiller, déminer et déclencher » la transition !
En matière de lutte contre les dérèglements climatiques, certains conjuguent encore le verbe « oser » à la deuxième personne du pluriel – « Chefs d’État, osez ! » est le titre de l’appel publié par Nicolas Hulot. Ce qui revient à confier les clefs de notre avenir – et celui du climat – à des chefs d’Etat et de gouvernement récalcitrants, qui climatisent leurs discours bien plus vite que leurs politiques : 1) en 23 ans de négociations, les émissions de gaz à effet de serre ont augmenté de 60% ; 2) les contributions nationales des Etats sur la table de la COP21 conduisent à un réchauffement de +3°C – ce qui revient à décréter le chaos climatique à brève échéance ; 3) le projet de texte actuel de négociations institue le crime climatique comme mode de gouvernance et de régulation du climat (voir ici).
C’est clair : malgré l’alerte scientifique, les « chefs d’Etat osent » ne rien entreprendre de déterminant. Business as usual.
Pourquoi feraient-ils donc aujourd’hui volontairement ce qu’ils n’ont pas fait en vingt-cinq ans ? « La folie consiste à faire la même chose encore et encore et à attendre des résultats différents » disait Einstein. Elle frappe clairement des chefs d’Etat qui ne veulent rien changer, y compris François Hollande. Une forme de folie dont on peut se demander si elle ne touche pas également certains écologistes qui répètent les erreurs du passé : en 2009, pour Copenhague, déjà présentée comme la conférence de la « dernière chance », des ONG avaient lancé un appel, signé par près de 17 millions de personnes, pour appeler les chefs d’Etat à « sauver le climat ». On connait la suite. Pourquoi recommencer aujourd’hui ? Pourquoi laisser penser la population que les chefs d’Etat pourraient tout-à-coup endosser le rôle de « sauveurs du climat » alors qu’ils en sont des fossoyeurs au long cours ? Cela nous apparaît comme une faute stratégique majeure.
Pour ce qui nous concerne, nous préférons conjuguer le verbe « oser » à la première personne du pluriel : Osons ! (qui est initialement le titre du livre de Nicolas Hulot mais qui est devenu “Osez” dans l’appel aux chefs d’Etat)
Alors, oui, « Osons ! » et « sortons de l’âge des fossiles ». N’attendons pas des chefs d’Etat qui montrent chaque jour le peu de considération qu’ils ont de leurs propres engagements. Comme le montre le livre que nous publions, l’inaction des gouvernements n’est pas le fruit d’un manque d’information ou d’un manque de clairvoyance. Cette inaction est structurelle. Elle n’est pas accidentelle. Elle s’inscrit dans les règles qui organisent et encadrent l’économie mondiale. Elle s’inscrit dans l’immense pouvoir qu’ont accumulé les forces économiques et financières. Elle s’inscrit enfin dans une fuite en avant extractive qui nous conduit dans le mur du chaos climatique !
Osons et désobéissons !
C’est à nous de palier l’inaction des chefs d’Etat et de gouvernement. C’est à nous d’oser. Pas à eux. C’est à nous d’imposer nos solutions face à leur statu quo criminel. Face à l’urgence climatique et aux désordres sociaux, politiques et démocratiques qu’elle engendre, c’est notre droit le plus absolu de nous défendre. Nous sommes la nature qui se défend, disent certains. Ils ont raison. C’est notre droit le plus absolu de désobéir et de nous immiscer là où nous, simples citoyens, ne sommes pas attendus. « Si nous ne faisons pas l’impossible, nous devrons faire face à l’impensable ! » disait Murray Bookchin, penseur nord-américain de l’écologie et de la liberté. Osons ! Désobéissons !
C’est ce que nous proposons dans le livre que nous publions (présentation ci-dessous), construit autour de dix étapes dont nous pouvons être les acteurs principaux : à nous de « déverrouiller, déminer et déclencher » la transition ! Pour un futur vivable et désirable.
Alors oui, sortons de l’âge des fossile et, ensemble, sans attendre des chefs d’Etat garants de l’ordre établi, « osons » donc l’impossible !
Maxime Combes
À la veille de la COP21, l’accélération du réchauffement climatique nous oblige à diminuer drastiquement la consommation des ressources matérielles et énergétiques nécessaires pour l’usage, la réhabilitation et la construction des villes et des territoires urbanisés. Mais la crise économique mondiale de 2008 a modifié les priorités : sous couvert d’équilibre budgétaire, les ambitions environnementales sont trop souvent bradées et les espaces publics sacrifiés. Il est donc urgent d’expérimenter et de promouvoir les alternatives créatives et solidaires qui émergent.
Après avoir été porteuses d’innovations au cours des dix dernières années, les notions de « ville durable » et d’écoquartier se réduisent désormais trop souvent à un outil marketing pour verdir les projets d’aménagements. Quant aux pratiques actuelles, elles ne sont pas du tout à la hauteur des ruptures nécessaires dans nos modes de vie et nos manières de travailler, de nous déplacer et de consommer.
Heureusement, des alternatives s’épanouissent. Dépassant les anciennes méthodes de certifications déconnectées de la réalité des usages, produits défiscalisés d’investissement spéculatifs et normes de sécurité garanties hors sol, des approches originales et pertinentes se mettent en place dans toute la France. Elles contextualisent les procédures au plus près des gens et de leurs territoires, et nourrissent la conviction qui nous rassemble aujourd’hui : une autre vi(ll)e est possible !
Confortés par ces nouvelles procédures, des projets architecturaux et urbains responsables, économes et inventifs montrent la voie. En réponse aux attentes immédiates, ces mouvements plus ou moins rebelles prennent de l’ampleur. C’est la logique du bottom up, l’innovation ascendante qui se méfie des solutions imposées par une élite déconnectée du terrain. Animées par un engagement bienveillant et nourries par une économie alternative autour du partage et du réemploi, ces opérations préfèrent l’intelligence collective à l’injonction de participer, le ménagement à l’aménagement, les besoins sociaux à la norme imposée, la transformation de l’existant à la démolition/reconstruction, les usages nouveaux à l’habitude, le collaboratif à l’individualisme, le low-tech au high-tech, la créativité au prémâché, la proximité à la mobilité contrainte, le juste temps à l’accélération imposée, l’humanité à la technicité…
Misant sur l’intelligence, l’inventivité et la maîtrise d’usage du numérique pour imaginer des réponses adaptées à chaque contexte, ces nouvelles méthodes s’affranchissent de règles peu à peu stratifiées et fossilisées, qui empêchent les professions d’évoluer alors qu’une profonde et indispensable mutation s’annonce. Au-delà de la promotion classique, ces démarches visent la qualité d’usage des bâtiments et lient leur performance écologique au territoire pour s’en réapproprier le destin. Elles créent ainsi une urbanité plus vive, plus mouvante et plus réactive, à l’image d’une société en transition…
Inspirées par un engagement citoyen et une éthique environnementale, ces manières inédites de produire la ville et les territoires urbanisés vont directement à l’essentiel, mettent les désirs et la participation de l’habitant au centre de la démarche, et misent sur la sobriété et l’évolutivité. L’hybridation des moyens et la coopération de multiples « acteurs » culturels, associatifs, sportifs et économiques, de tous les âges, constituent la réponse attendue aux défis environnementaux, sociaux et économiques.
En s’appuyant sur de nouveaux modes de financement et de gouvernance, ces pratiques bouleversent le rôle de chacun par une mutualisation plus judicieuse des lieux, des équipements et des services, à toutes les échelles. Elles suscitent ainsi l’émergence d’une nouvelle culture de « l’en-commun ».
La pertinence vient du pluralisme des choix, de la diversité des pratiques et de la nouvelle territorialité du politique. Activons la vitalité de la société locale et favorisons l’audace, l’ouverture et la créativité. Construisons ensemble une ville écoresponsable et porteuse d’un nouveau sens humaniste, solidaire et équitable.
Co-auteurs
Jean-Marc Gancille et Philippe Barre, co-fondateurs de DARWIN Éco-système
Dominique Gauzin-Müller, rédactrice en chef d’EK/EcologiK
Bruno Lhoste, président d’Inddigo, co-fondateur d’éco-quartiers.fr
Philippe Madec, architecte-urbaniste
Thierry Paquot, philosophe de l’urbain
Manifeste à signer sur www.change.org/uneautrevilleestpossible
Conférence de Claude Bourguignon.
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