Étiquette : décroissance (Page 2 of 2)

Face à toutes les menaces, promouvoir un monde plus juste

Rappelons-nous le début des années 70 : en pleines glorieuses, le club de Rome nous avertit que le développement démographique et industriel mondial de l’époque va nous conduire à la catastrophe par pénurie d’énergie et de matières premières. Il est reçu dans le scepticisme par une société encore convaincue de la toute puissance de la science et de la technique.

Pourtant certains commencent à prendre conscience des effets du développement sur l’environnement, en particulier local. Mais sa protection reste une préoccupation marginale, la cerise sur le gâteau d’un développement industriel considéré comme incontournable. Le terme « d’externalité » employé par les économistes pour en désigner les effets négatifs sur l’environnement montre bien que ces effets ne sont pas vraiment considérés comme inhérents à l’activité elle-même. On fait au mieux du point de vue du projet d’activité, après quoi on tente d’en apprécier les effets secondaires sur l’environnement, inévitables mais généralement considérés comme mineurs en regard des bénéfices attendus. De cette époque aussi date la notion de pollueur-payeur qui met face à face un pollueur et des victimes, bien identifiés.

Avec l’affaire des pluies acides et Tchernobyl, changement d’échelle : ni les pluies acides ni les nuages radioactifs n’ont en effet le bon goût de s’arrêter aux frontières des Etats. L’anonymat gagne les pollueurs et les victimes. La solution des conflits justifie les services de la diplomatie internationale. Les gouvernements veillent cependant jalousement à ne pas hisser les questions environnementales au niveau des questions commerciales discutées d’abord au sein du GATT puis de l’OMC.

Enfin, le début des années 90 voit l’émergence dans la sphère publique des préoccupations d’environnement global, le changement climatique, la désertification et les atteintes à la biodiversité,  et celle de développement durable. On passe progressivement de l’idée d’un développement qui s’impose comme une nécessité dont on tenterait de compenser au mieux les dégâts collatéraux inéluctables, à un concept où les préoccupations d’environnement viennent faire jeu égal avec les préoccupations économiques et sociales (tout au moins sur le papier). Les écologistes prennent conscience qu’il n’est plus possible de traiter des questions de protection de l’environnement sans traiter en même temps des questions sociales et économiques.

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Un pacte pour la Terre

Pour la première fois dans l’histoire de l’Homme, notre futur commun en tant qu’espèce n’est plus certain. En seulement 200 ans, à l’âge des combustibles fossiles, l’humanité a fait assez de dégâts sur la Terre pour assurer sa propre extinction. Notre unique option est de soigner la planète et par cela, créer de l’espoir pour notre futur- au nom de l’humanité et de la communauté terrestre.

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1. C’est dans un sol vivant que se trouve la prospérité et la sécurité de notre civilisation

Notre avenir est indissociable de l’avenir de la Terre.
Nous nous engageons à protéger nos sols et notre biodiversité. Nos sols vivants deviendront des réservoirs d’eau et des puits de carbone. L’agroécologie est basée sur la réutilisation de la matière organique, et donc le recyclage des nutriments. Nous allons redonner le carbone vivant, comme matière organique à la terre, sur la base de la reconnaissance, de la responsabilité, et de la nécessité de rendre. Nous allons ainsi aider à nous adapter et à renforcer notre résilience au changement climatique. Comme Sir Albert Howard a dit, “Prendre sans donner est un vol de la terre, une forme particulière de banditisme, qui prend en compte le pillage de générations futures qui ne sont pas encore là pour se défendre. ”

2. Nos graines et notre biodiversité, nos sols et notre eau, notre air, l’atmosphère et le climat sont notre patrimoine commun

Les dons de la terre indispensables à la vie sont toujours un patrimoine commun que nous devons tous protéger et duquel nous avons tous le droit de tirer notre subsistance. Nos graines et notre biodiversité sont des biens communs. Leur brevetage pousse à l’extinction de la diversité et les paysans dans un piège de la dette. Le sol est le fondement de notre vie et de notre nourriture. L’eau est notre patrimoine commun. Elle ne doit pas être une marchandise. Elle est nécessaire à notre vie. L’air et l’atmosphère sont encore des biens communs et nous permettent de respirer tout en donnant à la Terre la capacité de réguler le climat. La pollution de l’air et les effets et émissions de gaz à effet de serre sont une privatisation de tout ce patrimoine commun.

Nous n’acceptons pas la privatisation de nos biens communs. Nous les défendons et les revendiquons avec responsabilité et solidarité.

3. La non-appropriation des semences et de la biodiversité sont les garants de la souveraineté alimentaire et de la résilience climatique

Nous nous engageons à défendre la non-appropriation de nos semences au nom de la liberté des espèces à évoluer de manière intègre et autonome. Nous revendiquons le droit des communautés partout dans le monde à récolter et semer leurs propres semences, semences que nous revendiquons comme faisant partie de notre patrimoine commun. Le fait de conserver et d’échanger des semences non hybrides, non brevetées et n’ayant subi aucune modification génétique est un droit inaliénable des paysans. Les droits des paysans ne sont pas négociables. Nous nous dressons contre toute loi comme toute avancée technologique qui viendrait remettre en cause cette liberté intimement liée à celle de la Terre Mère. Nous résistons afin que les générations futures disposent des mêmes chances en termes de nourriture et de moyens de subsistance que celles offertes à nous aujourd’hui. Ensemble, nous nous unissons pour défendre nos semences et refuser les OGM et le brevetage du vivant.

4. Le modèle d’agriculture industrielle mondialisée est un contributeur majeur du changement climatique

L’agriculture mondialisée et industrielle contribue à plus de 40% à la production des gaz à effet de serre qui viennent chambouler le climat de par la déforestation, l’utilisation d’engrais à base d’énergies fossiles, la production d’emballages et les transformations, réfrigérations et transports opérés à longue distance. Sachant qu’elle est l’une des causes majeures du changement climatique, nous ne pouvons accepter l’agriculture industrielle comme une solution à la crise climatique et à la faim. Nous rejetons les fausses solutions au changement climatique telles que l’ingénierie géologique, l’agriculture « climato- intelligente», l’amélioration génétique des semences ou « l’intensification durable ».

5. L’agroécologie, l’agriculture familiale et les systèmes alimentaires locaux peuvent nourrir le monde et permettre de ralentir le réchauffement de la planète

Nous nous engageons à pratiquer et à protéger une agriculture de petite échelle et locale, observant les principes et méthodes de l’agroécologie. Ce type d’agriculture permet actuellement de produire 70% de notre nourriture et assure la production d’aliments nourrissants et sains. Elle permet en même temps de conserver et régénérer nos sols, notre biodiversité, nos ressources en eau ainsi que de réguler notre climat. Nous nous engageons à soutenir et créer des systèmes de production alimentaire en réponse aux crises sanitaires, alimentaires et environnementales qui touchent l’agriculture. L’agriculture biologique pratiquée à petite échelle et de manière locale autorise la mise en place de circuits courts et est capable de nourrir le monde tout en ralentissement le réchauffement de la planète.

6. Le «libre-échange» en tant que libre action des multinationales est une menace pour la planète et pour nos libertés

Le mot « Liberté » a été détourné par le «libre-échange» qui a substitué à la liberté des peuples et des diverses espèces d’évoluer librement et de se nourrir celle des multinationales à détruire la planète et les économies vivrières des communautés. La déstabilisation écologique et sociale du monde observée sur les deux dernières décennies est le résultat de la déréglementation du commerce ordonnée par les accords de «libre-échange» du World Trade Organisation (OMC), eux-mêmes conçus et écrits par des sociétés et pour le bénéfice de ces sociétés.

Nous nous engageons à résister aux tentatives visant à créer de nouveaux accords de libre-échange tels que TTIP, PPT et les accords commerciaux régionaux et bilatéraux. Ces accords sont en effet fondés sur les droits des entreprises en tant que personne morale et sont conçus dans le but explicite de démanteler les droits de l’homme, notre démocratie et nos constitutions. Nous ne reconnaissons pas en tant que personnes ces multinationales. Elles ne sont que des entités juridiques à qui la société donne la permission d’exister et ce dans les limites de leur responsabilité sociale, écologique et éthique. Ces sociétés sont donc à compter parmi les responsables des changements climatiques et doivent être soumis au principe de « pollueur-payeur ».

7. Les systèmes d’économies locales protègent la planète, créent des emplois, et nous permettent de subvenir à nos besoins et à notre bien être

Les économies locales basées sur la réciprocité et la régénération du monde naturel et de la société nourrissent la vie. Les cadeaux de la nature et ses populations ne peuvent pas être réduits à des « coûts économiques ». Ces économies qui mettent l’accent sur la vie et le bien-être des personnes et non pas sur le profit des entreprises, permettent de régénérer et de renouveler les ressources et de créer de l’emploi pour tous et pour les générations futures. Nous ne participerons pas au système de production et de consommation, notamment pour la nourriture et l’agriculture industrielle, qui détruisent les processus écologiques de la Terre, de ses sols et de la biodiversité. Ce modèle déplace et déracine des millions de personnes de leur terre. Dans les économies vivantes, il n’y a pas de déchets, et il n’y a pas de « travailleurs jetables ».

8. Les Démocraties vivantes et participatives sont le fondement de la Démocratie de la Terre

Nous nous engageons à créer des systèmes de démocraties vivants et participatifs et à résister à toutes les tentatives de détournement de nos démocraties par des intérêts puissants. Nous les développerons en nous appuyant sur les principes du partage, de l’inclusion, de la diversité, et de la protection de la planète et d’autrui. Nous nous engageons à sortir du cercle vicieux de la violence et de la dégénérescence, en développant des systèmes vertueux basés sur la non-violence pour le bien-être de tous les peuples et toutes les espèces. Nous ne serons pas divisés par la peur ou la haine, mais resterons unis en tant que membres d’une seule Planète et d’une seule Humanité. Avec courage, et en s’inspirant des préceptes de Gandhi, nous ne coopérerons pas avec une humanité où les règles et lois interfèrent avec les lois écologiques fondamentales de la nature.

9. Nous sommes membres de la Communauté de la Terre dans laquelle toutes les espèces, les peuples, les cultures ont une valeur intrinsèque et les droits à la subsistance

Créons une démocratie de la Terre sur cette terre vibrante et généreuse – Terra Vivante – qui reconnait la valeur intrinsèque de toutes les espèces et tous les peuples. La pluralité des personnes et des espèces ne doit pas seulement être tolérée mais être vue comme la condition au développement de notre existence. Toute la vie, y compris tous les êtres humains, ont naturellement droit de partager les richesses de la nature afin d’assurer sa subsistance – le sol, la nourriture, l’eau, l’espace écologique et la liberté d’évolution.

Nous faisons le pacte de vivre consciemment en tant que Citoyens de la Terre, reconnaissant que la Communauté inclut toutes les espèces et tous les peuples dans leur diversité riche et animée. Les droits de la Terre Mère et les droits humains ne sont pas séparés les uns des autres et sont un continuum indivisible. La violence infligée à la terre et l’injustice infligée à l’humanité font partie du même processus. La durabilité ne peut être séparée de la justice, des droits humains et de la paix.

10. Des Jardins de l’Espoir partout dans le monde

Pratiquons l’agriculture biologique dans nos fermes, nos jardins, nos balcons, nos terrasses. Plantons des jardins de l’espoir partout comme symbole de notre pacte avec la Terre pour sa protection. C’est grâce à ces petits actes, qui ont des répercussions importantes, menés par des millions de personnes conscientes de leur pouvoir et agissant de manière unifiée et harmonieuse, que nous sèmerons les graines du changement pour la création d’une nouvelle citoyenneté planétaire, une citoyenneté qui prend soin de la Planète et d’autrui en construisant des économies et des démocraties vivantes.

Nous commençons aujourd’hui, le 9 Novembre 2015, par une plantation d’un jardin de l’espoir au Jardin Marcotte à Paris (11ème) aux côtés du réseau des AMAP Ile de France et de Cultures en Herbes, comme une première étape concrète vers cette nouvelle citoyenneté planétaire.

Nous continuerons à planter des jardins de l’espoir partout, et de semer les graines du changement qui nous mènerons vers une nouvelle Démocratie de la Terre basée sur la justice, la dignité, la durabilité et la paix.

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Décroissance. Vocabulaire pour une nouvelle ère

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Décroissance. Vocabulaire pour une nouvelle ère
de Giacomo D’Alisa, Federico Demaria et Giorgos Kallis

Le mot de « décroissance » émerge aujourd’hui comme un nouveau signifiant des discours économique et politique. Témoin, les prises de position de plus en plus nombreuses visant à le discréditer. Pour échapper à l’ignorance ou à la mauvaise foi qui tantôt l’assimilent à la stagnation actuelle des économies occidentales, tantôt le dénoncent comme un projet de « retour à la bougie » de quelques « écolo-réactionnaires », il était donc plus que temps de proposer au public un état des lieux détaillé de ce qu’il recouvre réellement.

Depuis sa première apparition, dans les années 1970, la notion s’est considérablement enrichie, au point de devenir un enjeu de réflexion pour tous ceux qui en appellent à une transformation sociale radicale. Cet ouvrage, composé d’une soixantaine d’articles de fond, en constitue la première synthèse thématique se proposant d’en définir les contours et d’en cerner les multiples sources intellectuelles. Il s’agit ici de souligner les grands axes des problématiques embrassées par la décroissance, de présenter les formes d’action qui s’y rattachent ou s’en revendiquent et, en laissant ouvert le débat interne sur un certain nombre de questions clés, d’exposer et de nourrir une discussion collective et internationale déjà bien engagée.

La diversité des entrées de ce dictionnaire encyclopédique montre que ce concept touche, certes, aux enjeux écologiques et environnementaux, mais qu’il est loin de s’y limiter. On y découvrira que la décroissance se donne pour tâche d’étudier en profondeur le poids des logiques économiques et industrielles sur les conditions d’existence sur la planète, et de réfléchir à d’autres formes d’organisation de la production et des échanges ; qu’elle instruit une critique en règle de nos choix de société et de leur rapport à ce qu’elle nomme la « vie bonne », tout en jetant les bases de contre-modèles possibles ; enfin, qu’elle s’intéresse à toutes les expériences collectives actuelles qui témoignent, un peu partout dans le monde, de l’existence de résistances créatrices et vivaces au dogme de la croissance.

Avec entre autres des contributions de Mauro Bonaiuti, Arturo Escobar, Marco Deriu, Tim Jackson…
L’ouvrage est déjà paru en Grande-Bretagne chez Routledge et en Espagne chez Icaria. Il paraîtra dans les mois prochains en Italie, au Brésil, en Allemagne, en Croatie…
Une source d’inspiration indispensable, pour élargir le débat à la veille de la COP21 qui aura lieu en décembre à Paris.

Quelques exemples de chapitres
Anti-utilitarisme – bioéconomie – critique du développement – justice environnementale – écologie politique – autonomie – marchandisation – biens communs – convivialité – numérique – dématérialisation – entropie – bonheur – PIB – dépolitisation –  effet rebond – pic pétrolier – simplicité – néoruraux – revenu de base et revenu maximum – monnaies  communautaires – coopératives – audit de la dette – désobéissance – éco-communautés – Indignés – partage du travail –  argent public – syndicats – care – jardinage urbain – buen vivir…

Ce qu’ils en pensent…
« Les investissements et la consommation augmentent mais le nombre de chômeurs se maintient ; les inégalités économiques et sociales augmentent, et chaque jour, de nouvelles espèces sont menacées d’extinction… Pourquoi la croissance, qui devrait être synonyme de progrès et de bien-être, a-t-elle des conséquences aussi indésirables ? La réponse se trouve dans ce livre. » Para todos la 2, rtve, 12 décembre 2014
« À un moment de l’histoire où les leaders politiques, économiques et intellectuels pensent que rien de fondamental ne peut désormais être mis en question, rien n’est plus important que le mouvement d’idées et d’actions que représente ce livre sur la décroissance. » David Graeber, London School of Economics
« Quel splendide vocabulaire ! Une sélection d’auteurs internationaux explore avec brio le champ émergent d’une économie qui fait ses adieux à l’obsession de la croissance. » Wolfgang Sachs, Directeur de l’Institut Wuppertal pour le climat, l’environnement et l’énergie à Berlin
« Cet ouvrage est indispensable à quiconque souhaite dépasser les simples mesures de réaménagement pour résoudre les problèmes écologiques et économiques les plus importants de notre temps. » Deepak Malghan, Professeur d’économie écologique à l’Institut indien du management à Bangalore

Ce livre est publié en partenariat avec l’Institut Momentum, laboratoire d’idées sur les issues de la société industrielle et les transitions nécessaires pour amortir le choc social de la fin du pétrole.

Source

Moins, c’est mieux ?

La croissance est une composante essentielle de la vie sur Terre. Croître, prospérer, disparaître… c’est le cycle que parcourent tous les organismes vivants. Voilà pourquoi la foi en la croissance économique est tellement enracinée dans nos esprits. Mais pour certains experts, le progrès technique et surtout la croissance débridée conduisent à des déséquilibres majeurs de notre écosystème.

Page décroissance de arte.tv

Avec notamment, le film L’urgence de ralentir

Aux quatre coins de la planète des citoyens refusent de se soumettre aux diktats de l’urgence et de l’immédiateté, pour redonner sens au temps. En Europe, aux États-Unis, en Amérique Latine ou encore en Inde, Philippe Borrel est allé à la découverte d’initiatives, individuelles et collectives, qui proposent des alternatives basées sur d’autres paradigmes.

Un documentaire de Philippe Borrel (France, 2014, 84 min.)

 

 

 

 

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