Manifeste pour la transition
Face à l’urgence climatique et sociale, les chefs d’Etat et de gouvernement osent ne rien entreprendre de déterminant. Nous avons le droit de nous défendre. Le droit de désobéir. Osons donc l’impossible pour « déverrouiller, déminer et déclencher » la transition !
En matière de lutte contre les dérèglements climatiques, certains conjuguent encore le verbe « oser » à la deuxième personne du pluriel – « Chefs d’État, osez ! » est le titre de l’appel publié par Nicolas Hulot. Ce qui revient à confier les clefs de notre avenir – et celui du climat – à des chefs d’Etat et de gouvernement récalcitrants, qui climatisent leurs discours bien plus vite que leurs politiques : 1) en 23 ans de négociations, les émissions de gaz à effet de serre ont augmenté de 60% ; 2) les contributions nationales des Etats sur la table de la COP21 conduisent à un réchauffement de +3°C – ce qui revient à décréter le chaos climatique à brève échéance ; 3) le projet de texte actuel de négociations institue le crime climatique comme mode de gouvernance et de régulation du climat (voir ici).
C’est clair : malgré l’alerte scientifique, les « chefs d’Etat osent » ne rien entreprendre de déterminant. Business as usual.
Pourquoi feraient-ils donc aujourd’hui volontairement ce qu’ils n’ont pas fait en vingt-cinq ans ? « La folie consiste à faire la même chose encore et encore et à attendre des résultats différents » disait Einstein. Elle frappe clairement des chefs d’Etat qui ne veulent rien changer, y compris François Hollande. Une forme de folie dont on peut se demander si elle ne touche pas également certains écologistes qui répètent les erreurs du passé : en 2009, pour Copenhague, déjà présentée comme la conférence de la « dernière chance », des ONG avaient lancé un appel, signé par près de 17 millions de personnes, pour appeler les chefs d’Etat à « sauver le climat ». On connait la suite. Pourquoi recommencer aujourd’hui ? Pourquoi laisser penser la population que les chefs d’Etat pourraient tout-à-coup endosser le rôle de « sauveurs du climat » alors qu’ils en sont des fossoyeurs au long cours ? Cela nous apparaît comme une faute stratégique majeure.
Pour ce qui nous concerne, nous préférons conjuguer le verbe « oser » à la première personne du pluriel : Osons ! (qui est initialement le titre du livre de Nicolas Hulot mais qui est devenu “Osez” dans l’appel aux chefs d’Etat)
Alors, oui, « Osons ! » et « sortons de l’âge des fossiles ». N’attendons pas des chefs d’Etat qui montrent chaque jour le peu de considération qu’ils ont de leurs propres engagements. Comme le montre le livre que nous publions, l’inaction des gouvernements n’est pas le fruit d’un manque d’information ou d’un manque de clairvoyance. Cette inaction est structurelle. Elle n’est pas accidentelle. Elle s’inscrit dans les règles qui organisent et encadrent l’économie mondiale. Elle s’inscrit dans l’immense pouvoir qu’ont accumulé les forces économiques et financières. Elle s’inscrit enfin dans une fuite en avant extractive qui nous conduit dans le mur du chaos climatique !
Osons et désobéissons !
C’est à nous de palier l’inaction des chefs d’Etat et de gouvernement. C’est à nous d’oser. Pas à eux. C’est à nous d’imposer nos solutions face à leur statu quo criminel. Face à l’urgence climatique et aux désordres sociaux, politiques et démocratiques qu’elle engendre, c’est notre droit le plus absolu de nous défendre. Nous sommes la nature qui se défend, disent certains. Ils ont raison. C’est notre droit le plus absolu de désobéir et de nous immiscer là où nous, simples citoyens, ne sommes pas attendus. « Si nous ne faisons pas l’impossible, nous devrons faire face à l’impensable ! » disait Murray Bookchin, penseur nord-américain de l’écologie et de la liberté. Osons ! Désobéissons !
C’est ce que nous proposons dans le livre que nous publions (présentation ci-dessous), construit autour de dix étapes dont nous pouvons être les acteurs principaux : à nous de « déverrouiller, déminer et déclencher » la transition ! Pour un futur vivable et désirable.
Alors oui, sortons de l’âge des fossile et, ensemble, sans attendre des chefs d’Etat garants de l’ordre établi, « osons » donc l’impossible !
Maxime Combes
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